« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

samedi 1 août 1998

Barbara – l'Aigle noir – dévoilement viols par inceste

 
Barbara (1998) a dévoilé les viols paternels durant son adolescence dans son livre Il était un piano noir :
J'ai de plus en plus peur de mon père. Il le sent. Il le sait.
J'ai tellement besoin de ma mère, mais comment faire pour lui parler ? Et que lui dire ?
Que je trouve le comportement de mon père bizarre ? Je me tais.
Un soir, à Tarbes, mon univers bascule dans l'horreur. J'ai dix ans et demi.
Les enfants se taisent parce qu'on refuse de les croire.
Parce qu'on les soupçonne d'affabuler.
Parce qu'ils ont honte et qu'ils se sentent coupables. Parce qu'ils ont peur.
Parce qu'ils croient qu'ils sont les seuls au monde avec leur terrible secret.
De ces humiliations infligées à l'enfance, de ces hautes turbulences, de ces descentes au fond du fond, j'ai toujours resurgi. Sûr, il m'a fallu un sacré goût de vivre, une sacrée envie d'être heureuse, une sacrée volonté d'atteindre le plaisir dans les bras d'un homme, pour me sentir un jour purifiée de tout, longtemps après.
Philippe Grimbert (2004), écrivain et psychanalyste a fait une interprétation de L’Aigle noir :
L’impair d’un père. Comme avant est une répétition magnifique qui veut dire comme avant un traumatisme et elle veut effacer l’acte. Cette chanson nous parle confusément à l’inconscient.

Barbara, Il était un piano noir... Mémoires interrompus, Fayard, 1998, p. 25.
Grimbert, Philippe, Psychanalyse de la chanson, Hachette, 2004.

Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,

Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer,
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel,
L'oiseau vint se poser,

Il avait les yeux couleur rubis,
Et des plumes couleur de la nuit,
A son front brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné,
Portait un diamant bleu,

De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C'est alors que je l'ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m'était revenu,

Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi,
Retournons au pays d'autrefois,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant,
Des étoiles, des étoiles,

Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Etre faiseur de pluie,
Et faire des merveilles,

L'aigle noir dans un bruissement d'ailes,
Prit son vol pour regagner le ciel,

Quatre plumes couleur de la nuit
Une larme ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin

Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,

Un beau jour, une nuit,
Près d'un lac, endormie,
Quand soudain,
Il venait de nulle part,
Il surgit, l'aigle noir...